J'ai toujours été un peu triste, et très seule aussi.
Mais 2018 a été le début de la fin.
Dans ma famille ça criait de tous les côtés, et une amie à moi qui allait très mal aussi m'enfonçait tout en m'aidant...
Je suis tombée dans la mutilation, et je passais mes journées à broyer du noir et petit à petit j'ai perdu plaisir en toutes les choses auxquelles je tenais.
Seule une chose m'est restée : une idole d'un groupe de musique pour qui j'avais eu un coup de coeur , auquel je me suis désespérément accrochée.
C'était très dur de supporter, trop dur. Et à chaque fois, même quand je ne ressentais plus rien, il me faisait rire.
Une de ses chansons solos a une très forte signification pour moi : à chaque fois que je l'écoute, le mensonge dont parle la chanson veut dire autre chose pour moi, mais je me retrouve toujours dans cette chanson.
A l'époque je ne vivais que par cette chanson, je ressentais tellement d'émotion à travers elle.
Et je crois pouvoir dire que cette chanson, cet homme m'ont sauvé la vie.
Un jour, j'ai voulu mourir. Vraiment. J'étais enfin prête à tout laisser.
Je m'en souviens, j'étais descendue dans mon salon, l'ordinateur de ma mère diffusait une chanson triste, la lumière n'étant pas allumée, tout était plongé dans la pénombre, un peu comme dans les films.
J'ai pris les cachets, et à l'instant où je les ai mis dans ma bouche, sur des milliers de chansons, celle-là a démarré.
Je sais pas ce qu’il s'est passé dans ma tête, mais j'ai écouté la chanson, craché les médicaments, et me suis promis de vivre rien que pour voir un seul des concerts de cet idole.
Il m'a permis de vivre quelques temps, ce qui paraît bien peu mais pourtant quand on est plongé dans l'enfer d'une vie passée à imaginer comment la finir, c'est presque un exploit.
Même s'il est toujours important, aujourd'hui je n'arrive plus à m'y attacher autant parce que j'ai conscience que je ne le verrai probablement jamais.
Puis je suis tombée amoureuse. Ca s'est fait très rapidement, nous avons parlé sur Internet et elle est devenue tout ce pour quoi je vivais.
Elle m'aimait, tout était parfait ; malheureusement le fait que je ne puisse me connecter que sur mon ordinateur, ne possédant pas encore de téléphone, et ses nombreuses absences rendaient la communication difficile.
Puis, un jour, elle a disparu, postant un message d'adieu sur le site ou nous nous parlions.
La douleur fut si grande que pendant des jours j'ai pleuré, les heures suivant l'annonce j'ai hurlé à la mort, seule, ayant l'impression de me briser en mille morceaux, d'être morte à l'intérieur.
Quelque chose en moi s'est brisé en même temps que je me rendais compte de l'importance qu'elle avait à mes yeux. Elle est revenue trois jours plus tard, m'expliquant qu'elle avait des problèmes et qu'elle reviendrait.
Cinq mois. J'ai attendu cinq mois ; peu à peu, me vidant.
Mon amie du début qui elle aussi allait mal, avait tout surmonté, a pris conscience de ses erreurs : le problème c'est que même en en ayant conscience, il y avait toujours cette tristesse inexplicable présente, soulignée par mon cœur brisé et m'empêchant d'aller mieux.
Je ne me coupais plus, ayant été découverte.
Le peu de confiance en moi s'est envolé et encore aujourd'hui je ne m'aime pas, surtout intérieurement.
Je suis le genre de personne à garder chaque insulte, pique ou chose négative, même minime, au fond de moi et à les ressasser, je passe très difficilement à autre chose et je pense que c'est à cause de ça que c’est très dur d'avancer.
Pendant ces cinq mois les doutes et la douleur m'ont guidée.
Le soir du nouvel an, j'ai éclaté en pleurs, tout me faisait penser à elle et j'avais juste besoin d'elle.
Elle est revenue ce même soir, s'excusant.
J’ai enfin entendu sa voix , vu son visage et même si depuis on s'est parlées, on ne parle pas beaucoup, environ une fois par semaine, parce qu'elle a des problèmes familiaux (je précise que j'ai décidé de croire tout ce qu'elle me disait parce si je me mets à douter de son identité et de son amour je n'y arriverai juste plus).
Je suis addict.
Notre relation est toxique, mais sans elle je suis vide. Seule.
Les gens à qui je parle m'abandonnent, ne comprennent pas.
J'ai l'impression que mon esprit est différent, je pense différemment, et par exemple je suis très - trop peut-être - empathique, ce que les gens ne comprennent pas.
Je sais qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ma tête, je le sens, je l'ai toujours senti.
Seulement ça s'est accentué depuis qu'il y a déjà presque six mois, ma petite amie est partie de ce site, brisant notre lien.
Même si elle est revenue, la cicatrice est encore là. Depuis je ne parviens plus trop à ressentir d'émotions.
Je suis vide, lassée, sauf quand je suis avec elle. Mais subsiste toujours cette pointe de mélancolie étrange.
J'ai du mal à utiliser des mots pour décrire ma vie, ce que je ressens, parce que j'ai aussi du mal à la comprendre.
Je suis juste comme j'ai toujours été, avec un cœur en plus, juste pessimiste, fatiguée à cause d'un problème de sommeil incompréhensible et étrange, lassée, vidée et seule. Je ne parviens pas à aller mieux. Je n'ai pas de volonté. Je n'ai plus de volonté.