Mon histoire commence à l'âge de 7 ans, j'ai été violé par mon cousin, dans la chambre de ma sœur et en face de celle de mes parents, je me souviens encore du jeu Winnie l'ourson qu'affichait l'écran de la télé...
Enfin, c'est le souvenir que j'ai de la première fois, parce que bien évidemment ça s'est reproduit...
Pour tout le monde, c'était un homme brillant et doué, mais moi, il ne m'inspirait que de la peur...
Un jour, tout s'est arrêté, il a arrêté de venir. Je croyais qu'il était mort. Et malgré tout, j'étais tellement heureux. Cependant, j'ai appris par la suite qu'il était parti faire ses études à l'étranger...
Je ne pouvais parler de ça à personne...
Ni à mon père alcoolique qui nous battait ma mère et moi, ni à ma mère qui ne cessait de me rappeler ce qu'aurait été sa vie sans moi, sa carrière et tout ce qu'elle aurait pu bâtir, et des envies qu'elle avait de m'abandonner au moindre faux pas que je ferais...
J'ai grandi...
Et je m’isolais, je me forçais à être le meilleur au lycée, j'ai eu mon brevet avec mention B, pour qu'ils soient fiers de moi, mais j’ai bien vite compris que cela ne servait à rien...
J'ai petit à petit commencé à vivre pour moi, je souriais tout le temps, même quand ça n'allait pas… Je commençais à oublier le passé, non, j'avais réellement oublié le passé, je pensais à ce que j'allais devenir, à la famille que je me construirais, à toutes les erreurs que je devrais éviter avec mes enfants...
Jusqu'à mes 18 ans.
Après avoir été comblé de joie d'avoir eu mon bac mention très bien... J'ai été violé à nouveau...
Je connais à présent le malheur et je ne te le donnerai pas, c'est ça qui me rend si triste et c'est donc pour ça que je pleure.
Certains jours, je perds espoir. Je me dis que ma vie n'est pas ce qu'elle aurait dû être. Je pleure. Je m'isole. Je cherche de l'aide. Personne ne m'écoute. Je pleure. Toujours.
La vie n'est pas aussi simple qu'elle n'y paraît. Les autres croient que je suis heureux, que je souris à la vie. Mais en fait, ce que je ressens au fond de moi est tout autre. Les apparences sont trop importantes dans ce monde, alors je souris pour laisser paraître de faux sentiments. La tristesse est un sentiment que nous ne pouvons pas contrôler. J'ai toujours voulu savoir ce que c'était le bonheur, mais je n'en ai pas encore eu la chance... J'aimerais pouvoir sourire, pouvoir sauter de joie, pouvoir avoir les yeux qui brillent, pouvoir vivre... Mais je n'y arrive pas... Peut être y arriverais-je un jour ?
Mais si j'ai réussi à tenir jusque là, cela est sûrement dû au fait que j'ai quelque chose à accomplir avant de m'en aller.
Mais j'en ai tellement marre de souffrir !
A chaque fois que je déprime, mes larmes me rongent de l'intérieur, j'ai l'impression que mon cœur tout entier va exploser. Je ne suis fait que d'un faux coeur et seule mon âme me maintient en vie.
Je suis trop jeune pour connaître tout de la vie mais je sais une chose : les gens ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Je ne suis que poussière dans ce monde, mais j'aimerais avoir mon mot à dire. J'essaie d'être le bonheur de mes rêves mais je n'arrive pas à vivre avec mon passé. C'est peut-être un passé pas si tragique, mais il m'a marqué. Et je n'arrive plus à vivre avec, à l'oublier.
Je voudrais pouvoir dire "Je suis là !" avec un soupçon de vérité et sans que quelqu'un trouve quelque chose à me redire. Je suis dépressif... Oui... Je préfère le silence à la parole, je préfère souffrir que guérir, je préfère oublier que me souvenir, je préfère penser qu'agir, je préfère la mort à la vie...
Mais mon courage ne m'emmènera pas bien loin. Parfois j'exige le meilleur de moi et parfois le pire. Je me dis que je continuerai de vivre, jusqu'à ce que j'accomplisse ma destinée. Le monde appelle à l'aide et je suis là pour essayer de le sauver.
Écrire de simples mots ne me sauvera en rien mais c'est comme si ces mots je les livrais à des personnes en qui je crois. Comme si ces personnes, c'était vous.
Parfois j'aimerais être malade. Pour avoir une vraie raison. Une raison de me plaindre, d'être triste, d'être mal. Une raison à mes silences et à mon impuissance. Une raison qui me permettrait de répondre à ceux qui me le demandent : je suis malade.
Je m'invente des symptômes qui deviennent réels, mais la vraie maladie comme je la veux, elle est absente.
Je viens d’avoir 18 ans. Et à deux jours de mes 18 ans, j'ose dire de pareilles horreurs. 18 ans. L’âge de la maturité où l'on devient responsable. Certains à mon âge ont un copain ou une copine, un travail ou un bébé. Parfois même les trois.
Et moi, je veux être malade, une vraie maladie qui me tuerait à petit feu afin que ce ne soit plus moi le responsable de ma lente mort. Me déresponsabiliser, encore une fois, comme un petit garçon qui craint d'être puni. Ce n'est pas ma faute. C'est à cause de ma maladie que je suis comme ça. C'est à cause d'elle si chaque jour je meurs un petit peu, alors que des tas de gens meurent de faim, de violence ou de maladie, parfois même les trois, moi, je suis en parfaite santé. La vie est mal faite, je l'ai toujours pensé. Et je voudrais tellement être à leur place pour qu'eux prennent la mienne.
C'est un gâchis… Egoïste… Je le sais.
Mais ce n'est pas ma faute.
C'est la faute à mes mains, mes jambes, ma tête, ma bouche qui ne m'appartiennent pas et s'éloignent toujours un peu plus de mon idéal. Mon idéal de vie. Cet idéal pour qui les gens se battent jour après jour, moi je n'en ai plus la force, plus le courage. Les gens malades l'ont. Volonté plus forte encore que chez les gens en pleine santé. Cette envie de vivre pour pouvoir réaliser ses propres rêves... Moi je n'ai pas de rêves… Enfin… Je n’en ai plus… Et c'est pour ça que je ne suis ni mort, ni vivant. Juste perdu entre les deux, à la dérive.
J'ai besoin de cette volonté et c'est pour ça que je voudrais être malade. Pour pouvoir enfin dire :
Ce n'est pas ma faute...
Derrière mon sourire se cache une profonde tristesse… Je n'ai plus envie de me battre… Plus envie de m'accrocher à la vie. Je ne veux inquiéter personne, je ne veux pas faire souffrir alors je continue à sourire, je continue de faire semblant.
Je ne m'accroche plus qu'à une seule chose, ne pas décevoir ceux qui m'ont tant apporté. J'espère seulement y arriver... Je n'ai plus d'espoirs, plus d'envies. Je ne sais plus être moi, je ne me reconnais plus.
Qui suis-je ?
Seul le sentiment d'une insatisfaction demeure inlassablement en moi. Mon cœur et mon esprit sont sans cesse en collision.
Comment me sortir de là ? Je ne sais pas. Je suis las de tout ça.
Je ne veux pas vous inquiéter, je dis ça mais je ne sais pas si vous vous souciez de moi.
Tant pis, dans le doute je continuerais à porter ce masque, j'essayerais de ne pas crouler.
Profondément, je voudrais arrêter de tomber… mais je ne trouve rien pour m'accrocher…
Au fond, je pense que si j'avais eu un ami, juste un ami dans ma vie, cela aurait changé la donne...