Pour être honnête, je ne sais pas vraiment par où commencer.
Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie marginale et donc cette histoire c'est tout simplement celle de ma vie.
Depuis toute petite, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec les autres. J'ai été qualifiée de "timide" pendant toute mon enfance et cette étiquette que l'on m'attribuait m'emprisonnait et m'empêchait d'évoluer, d'avoir plus confiance en moi et d'être heureuse. À l'école, je n'avais pas vraiment d'amis, j'étais une très bonne élève qui s’enfermait derrière ses cours.
L'arrivée au collège fut une expérience horrible...
La 6éme a été la pire année : moqueries, regards, insultes... mon quotidien.
La boule au ventre tous les midis pour aller déposer mon sac dans mon casier car, dans 90% des cas, je croisais l'un d'entre eux qui ne manquait pas, en me voyant, de me faire une remarque. Pour éviter de les croiser, je passais aux toilettes avant histoire de faire passer quelques minutes, et quand j'y allais, personne. Dans le bus, je me mettais à l'avant car je savais qu'ils n'y étaient pas, et puis je me cachais derrière mon siège, me faisant la plus petite possible...
Au fil de mes années de collège, je me faisais de moins en moins embêter même s'il m'arrivait même en 3ème de me faire encore bousculer et agresser verbalement de temps en temps.
Je me souviens d'un garçon qui, une fois, en cours, voulait tout le temps se mettre à ma place, pour m'embêter. Alors pour l'avoir, il prenait mon sac et le déplaçait, faisait un scandale en disant que je n'avais pas le droit, ou alors quand j'entrais dans la classe il se dépêchait et au dernier moment posait son sac sous mon nez alors qu'il voyait très bien que j'allais m'y mettre.
Et les profs ? Que disaient-ils ? Rien.
Mes relations amicales étaient très... peu amicales justement. Entre les profiteurs venant me voir uniquement pour avoir une bonne note et qui disparaissaient comme neige au soleil, ceux qui font semblant d'être tes amis mais qui font aussi partie de ceux qui te critiquent et se moquent de toi, autant dire que je n'avais pas d'amis non plus à cette période.
J'ai donc toujours été livrée à moi-même, je ne parlais à personne de mes problèmes, mes parents, ma famille pensaient que j'étais heureuse et ils n'avaient pas tort ! À me voir je le paraissais : j'étais souriante, je ne parlais jamais de problèmes personnels, j'étais très bonne élève, j'avais la chance de faire plein de choses avec mes parents...
Comment pouvait on se douter que derrière ce masque se cachait un profond malheur ?
Et puis, à un moment, le craquage, parce que je suis humaine et qu'au fond on ne peut pas cacher éternellement une souffrance, elle finit tôt ou tard par exploser… Je suis tombée gravement en dépression fin 3ème, ce qui m'a conduite peu à peu vers l'anorexie... C'est simple, pour exprimer ma souffrance je me faisais souffrir en supprimant la nourriture.
Au début pas grand-chose : j'évitais les biscuits, gâteaux... jusqu'à ne plus manger qu'une pomme et une soupe par jour... Le midi, étant au lycée, il était simple de mentir, je disais que je mangeais alors que je jeûnais ou du moins je ne mangeais qu'un fruit.
Jusqu'au jour où, ayant perdu beaucoup de poids et étant très affaiblie, on m’a contrainte à l'hospitalisation. J'y suis restée 2 mois, 2 mois de souffrance, de pleurs, de solitude, d'insultes, de surveillance, de faux ragots qui m'ont fait perdre le peu d'estime et de confiance en moi...
J’en suis ressortie certes en meilleure forme physique, mais anéantie psychologiquement. J'avais peur des lieux publics, de la foule, des gens, j'évitais les sorties, les personnes que je connaissais, je vivais enfermée avec une peur permanente.
Au fil des mois, cette peur n'a fait que s'aggraver, les crises d'angoisse sont apparues. J'ai une phobie incroyable des médecins et du monde de la médecine à cause de mon expérience et à tout ce qu'ils m'ont fait subir. Je pourrais parler pendant des heures de tout ce que je vivais au quotidien, de tout ce qu'ils m'ont dit ou fait...
Pour calmer mes crises d'angoisse, quelqu'un d'autre est venu : la boulimie... entre alimentation à en avoir des nausées, restrictions et sport à outrance, la boulimie me tue un peu plus chaque jour. Aujourd'hui, j'ai intégré un nouveau lycée avec des personnes que je ne connaissais pas avant mais les crises d'angoisse, de boulimie et les phobies sont toujours un quotidien qui devient insupportable.
Aujourd'hui j'essaie de tourner la page : je vais voir un psy, prends des médicaments (même si ce n'est pas forcément LA solution).
J'aimerais tellement pouvoir être heureuse mais au fond je ne sais pas vraiment ce que c'est le bonheur. Aujourd'hui, mon plus grand bonheur serait de pouvoir être libérée, vivre une vie "normale" avec ses problèmes bien sûr, mais aussi ses joies. Rire avec mes amies et sortir avec, rendre fière et heureuse ma famille qui souffre beaucoup de me voir comme ça et ne me comprend pas forcément... mais au fond je les comprends, c'est difficile de comprendre....